Cabinet d’antiques au Musée des Moulages
Au commencement il y a des lieux et je raffole de ceux empreints de magie. Le Musée des Moulages est d’une grande singularité, avec son architecture remarquable conçue spécialement pour abriter une collection étonnante de l’Université.
Ce lieu vous saisit dès l’entrée, comme une heureuse surprise. J’y ai découvert le travail de ses architectes, Philippe Jaulmes et Jean-Claude Deshons. Tout y est juste. La lumière naturelle arrive du haut par les puits pyramidaux, précurseurs de ceux du Louvre crées par Ieoh Ming Pei. La structure est fine et rythmée et le sol d’ardoises noires lustrées aux volumes travaillés met en valeur le plâtre blanc des moulages, copies d’antiques. La simplicité du lieu interagit avec l’accumulation des moulages et crée un effet stupéfiant. Instantanément à la demande de Rosa Plana-Mallart- Mallart et Christophe Chandezon j’ai senti un grand plaisir à penser l’aménagement d’un espace qui devint au fil des réflexions le Cabinet d’Antiques du musée. Le cabinet se présente comme un musée dans le musée, et valorise en différentes thématiques les pièces originales déposées par le Louvre.
Sur la base des codes stylistiques venus de la culture de la collection du XIXe siècle mais transposés et interprétés, ce décor offre un contrepoint au contexte architectural. J’ai puisé dans les images du Musée Gustave Moreau pour lequel j’avais déjà travaillé. J’y ai trouvé des scénographies de collections poursuivies ensuite pour le musée Carnavalet au travers des expositions : Portrait d’une Capitale et Paris et le Daguerréotype.
Pour donner l’échelle et asseoir l’ambiance de cet angle dans lequel prend place le cabinet, j’ai choisi un rideau de velours orangé qui se déploie autour du Moïse de Michel-Ange. Une «table-vitrine » reçoit statuettes, marbres en ronde-bosse et morceaux d’architecture venus du Louvre. Une longue « tablette-corniche » posée au-dessus des métopes du Parthénon permet l’installation libre de bustes ou de vases de plâtre pouvant changer au gré des rotations de pièces des réserves du Musée. Au centre un « salon-boudoir » accueille ceux qui veulent deviser, étudier, réfléchir, rêver. Il perpétue ainsi la vocation d’un tel endroit au XIXe siècle.
Les échanges avec les acteurs du musée, la directrice, les professeurs, les médiateurs, les administratifs de l’Université furent constants, fertiles, scientifiques, techniques, historiques, contemporains, sérieux et légers. Tous ces ingrédients sont nécessaires pour initier un
voyage dans le temps et réussir ce nouvel outil de rayonnement du musée.